Responsabilité du prêtre dans la distribution de la Sainte Communion

Publié le par seigneurjesusetcoeurimmacule

 

 

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Par l'abbé Guy Pagès

 

J’ai souvent entendu dire que le prêtre ne pouvait refuser de déposer le Corps du Christ dans la main des personnes qui venaient la lui tendre pour Le recevoir. Or, que dit l’Église à ce sujet ?

Dans l’Instruction « Redemptionis Sacramentum » (2003) de la Congrégation pour le Culte divin et la discipline des Sacrements, portant le sous-titre ô combien significatif : « Sur certaines choses à observer et à éviter concernant la très sainte Eucharistie », l’Église commence par rappeler que « les ministres sacrés ne peuvent refuser les sacrements aux personnes qui les leur demandent opportunément, sont dûment disposées et ne sont pas empêchées par le droit de les recevoir », en sorte que : « Tout baptisé catholique, qui n’est pas empêché par le droit, doit être admis à recevoir la sainte Communion. ». Ayant affirmé cela, l’Instruction ne cherche pas à faire valoir ce droit pour ceux qui désirent communier dans la main… mais uniquement pour ceux qui désirent « recevoir l’Eucharistie à genoux ou debout. » (« Debout », certainement pour ceux qui ne peuvent se mettre à genoux, n°91), et « dans la bouche » (n°92).

Après avoir donc rappelé que « Tout fidèle a toujours le droit de recevoir, selon son choix, la sainte communion dans la bouche. »(n°92), le cas de la communion dans la main est ensuite ainsi traité : « Si un communiant désire recevoir le Sacrement dans la main, dans les régions où la Conférence des Évêques le permet, avec la confirmation du Siège Apostolique, on peut lui donner la sainte hostie. » (n°92). Autrement dit, il ne suffit pas que la Conférence des Évêques d’une région ni même le Siège Apostolique aient donné leurs accords, pour que quelqu’un s’estime en droit de recevoir le Corps du Christ dans la main, puisque le texte ne dit pas : « on doit [alors] lui donner la sainte hostie. », mais : « on peut lui donner la sainte hostie ». On peut. Non on doit. Et en effet, le prêtre n’est pas un distributeur automatique d’hosties, un fonctionnaire sans âme, l’agent anonyme d’un système impersonnel, mais son sacerdoce lui confère « une responsabilité personnelle » (Cardinal Dario Castrillon Hoyos, Préfet de la Congrégation pour le Clergé, 16.05.2000) à l’égard du corps du Christ. C’est pourquoi, l’Instruction met aussitôt en relief la responsabilité du prêtre dans la distribution de l’Eucharistie en poursuivant ainsi : « S’il y a un risque de profanation, la sainte Communion ne doit pas être donnée dans la main des fidèles. ». Qui, en effet, sinon le prêtre, doit juger de la chose ? De plus, que signifierait l’article suivant qui demande à « maintenir l’usage du plateau pour la Communion des fidèles, afin d’éviter que la sainte hostie, ou quelque fragment, ne tombe à terre. » (n°93), si ce n’était pas la volonté de l’Église que l’on communie dans la bouche ? Comment en effet se servir d’un plateau, et à quoi pourrait-il servir, si l’on communie dans la main ? Comment mieux dire que la volonté de l’Église est « Que tout le monde se rappelle que la tradition séculaire est de recevoir l’Hostie dans la bouche » (Congrégation pour le Culte divin et la discipline des Sacrements, Notiae, mars 1999) ?

A contrario, que signifierait que le prêtre soit obligé de donner la communion dans la main, sinon que le fidèle aurait « droit » au Corps du Christ, un accès direct qui nierait la médiation nécessaire du ministère ordonné ? Le sacrement de l’Ordre n’existe pas pour rien, mais, comme son nom l’indique, pour que tout se passe dans l’ordre (Ep 4.16 ; Col 2.19), et l’Ordre divin implique que personne ne prenne l’Eucharistie, mais la reçoive, « Ma vie nul ne La prend, mais c’est Moi qui la donne. » (Jn 10.18), et humblement, eu égard à ce qui ne saurait être reçu comme n’importe quoi d’autre. Et comment mieux la recevoir humblement qu’à genoux ?

« Il faut rappeler le grave devoir de recevoir le Corps du Christ selon les conditions spirituelles et corporelles requises. » (Congrégation pour le Clergé, Le prêtre, maître de la parole, ministre des sacrements et guide de la communauté en vue du troisième millénaire chrétien, 1999, III, 2). C’est Dieu qui Se donne dans la Communion… Le réalisons-nous?

Si « la nouvelle évangélisation implique de retrouver et de renforcer certaines pratiques pastorales qui manifestent la foi en la Présence réelle du Seigneur sous les espèces eucharistiques » (ibid),

qui se plaindra que soit suivi l’exemple donné par Benoît XVI lorsqu’il vint à Paris en 2008 et ne voulut donner la communion qu’à des personnes la recevant à genoux et sur la langue ? Ne sait-on pas que c’est pour exprimer son refus de la foi en la Présence réelle que Calvin demanda à ses disciples de ne plus communier à genoux et sur la langue, mais debout et dans la main ? Il faut lire à ce sujet le très beau livre de Mgr Schneider, Dominus est, ou celui de Mgr Laise, La communion dans la main.

Bref, si le prêtre doit éviter « d’introduire dans son ministère pastoral aussi bien des formes d’autoritarisme impromptu que des modalités de gestion démocratique étrangères à la réalité la plus profonde du ministère et qui ont pour conséquence la sécularisation du prêtre et la cléricalisation des laïcs. » il est non moins vrai que « Derrière des comportements de ce type, il n’est pas rare que puisse se cacher la peur d’assumer ses responsabilités,de se tromper, de n’être pas apprécié, de l’impopularité, d’aller à la rencontre de la croix, etc. Au fond, il s’agit d’un obscurcissement de la racine authentique de l’identité sacerdotale : l’assimilation au Christ, Pasteur et Tête. » (Congrégation pour le Clergé, Le prêtre, maître de la parole, ministre des sacrements et guide de la communauté en vue du troisième millénaire chrétien, 1999, IV, 3). C’est pourquoi « La nécessité s’impose d’aider tous les prêtres séculiers et religieux à assumer personnellement « la tâche pastorale prioritaire de la nouvelle évangélisation » »(Ibid, Introduction). Car, « Nous, prêtres, nous sommes les célébrants de ce très saint Mystère, mais aussi ses gardiens. » (Jean-Paul II, Lettreauxprêtres pour le Jeudi Saint, 2005)…

 

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C
<br /> Je suis allé ce matin à la Messe, rue du Bac : à mon grand étonnement, de + en + reçoivent la Communion sur les lèvres & se mettent à genoux pour communier (grosse majorité d'étrangers et<br /> de non-blancs). Envoyé depuis mon smartphone (difficile).<br /> <br />
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C
<br /> Merci pour ce rappel !<br />
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S
<br /> <br /> Oui cher ami, bonjour à vous et saint Dimanche de Pâques ! Si seulement l'Eglise pouvait se montrer un peu plus courageuse ! Je rêve du jour où tous s'agenouilleront, humbles, reconnaissants et<br /> surtout CONSCIENTS qu'ils reçoivent DIEU LUI MEME et non pas un vulgaire bout de "pain" !!! A croire que les fidèles ne connaissent pas la signification des mots "Présence réelle" ! Je ne m'y<br /> ferai décidément jamais...<br /> <br /> <br /> <br />